Patrick Larme, auteur de BD, illustrateur

Suite aux événements du 7 janvier 2015, nous avons choisi d’interroger, avec plus de recul, l’illustrateur Patrick Larme pour qu’il puisse nous donner son opinion sur cette actualité.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Patrick Larme, je suis auteur de BD, illustrateur, je fais à la fois de la BD et je raconte des histoires en image ou alors j’illustre des textes, il m’est arrivé et il m’arrive encore d’illustrer des articles de journaux, du dessin de presse, je peux faire aussi des couvertures de livres ou des pochettes de CD ; illustrateur au sens large.

Quel type de dessin faites-vous ? Quel est votre parcours ?

Chaotique ! J’ai toujours aimé dessiner comme il en existe souvent un ou deux dans les classes  qui dessinent mieux que les autres, j’en faisais parti.  J’ai toujours eu envie de faire du dessin sans savoir que ça pouvait être un métier. Vers l’âge de douze-treize ans je me suis rendu compte que derrière les livres qu’on voyait, notamment les BD, parce que j étais un grand amateur de bande dessinée, il y avait des dessinateurs et des auteurs ; c’était LA grande découverte pour moi et je me suis dis que ce serait bien si je pouvais faire ce métier là. Ça n’a pas été simple parce que je n ‘était pas assez bon en plein de matières quand j’étais en troisième au moment de faire les vœux et du coup je me suis retrouvé dans une filière qui ne me plaisait pas du tout. Mais je suis tombé sur des profs et des documentalistes très sympas qui m’ont dit : «bah écoute t’as du talent» parce que je faisais déjà les affiches du ciné club. Et c’est là où la prof de français nous demanda notre parcours, savoir pourquoi on se retrouvait ici parce qu’elle se doutait que les élèves n’étaient pas enchantés d’être ici. C’est ces profs et ces documentalistes qui m’ont poussé à passer le concours des beaux arts que j’ai réussi et je me suis ensuite lancé dans cette filière.

Est-ce que ces attentats contre la presse ont changé votre façon d’aborder les sujets dans vos dessins ?

Non pas nécessairement, ça fait un choc parce que c’est mon métier qui a été touché et directement pour la première fois en France ; même s’il y en a déjà eu dans d’autre pays. Mais là en France au cœur de Paris c’est vrai que ça, tous les auteurs de BD ont ressenti cette onde de choc. Et non ça n’a rien changé car je n’ai jamais fais des dessins agressifs, j’ai toujours essayé, dans mon état d’esprit, de plus faire réfléchir par le dessin que de choquer. Et quand je faisais des caricatures d’hommes politiques, parce que j’en ai fait quand je travaillais pour Mag2Lyon, je me demandais : «Est-ce que moi je serais gêné, choqué si c’était moi qui était mis en scène».

J’avais toujours cette démarche plutôt gentille mais réfléchie plutôt que de rentrer dedans et après de voir les dégâts.

Pensez vous, après les événements de Charlie hebdo, que l’on peut rire de tout ?

Oui évidemment, encore heureux ! Vous avez dû entendre plein d’hommes politiques, des dessinateur notamment Geluck qui parlait ; oui heureusement qu’on peux rire de tout. Au moment où l’on est plus autorisé à rire, on est plus en démocratie, ça devient une dictature et là ça devient très dur. Mais il y a une manière de rire.

Et y a-t-il une limite à l’expression ?

Moi je dirais oui, le respect de l’autre. Vous avez peut-être regardé Charlie hebdo, ça plaît ou ça plaît pas c’est vraiment un état d’esprit Charlie, c’est on rentre dedans, on tape sur tout et après on réfléchit. Mais ça ne me plaît pas forcement de foncer comme ça dans le tas et que ça soit saignant, sans jeu de mot, quelques fois ça peut être super drôle mais après c’est pas forcement un humour qui va me faire rire.

Vous avez dis que vous vous mettiez à la place des autres, alors est ce que vous pensez que Charlie hebdo est allé un peu trop loin ?

Non, c’est leur manière de fonctionner. Si je fais des caricatures outrancières je le fais vraiment à fond, que ça soit puissant pour qu’on parle de moi et c’est leur mode de fonctionnement. Donc il ne faut pas que ça change parce que sinon ils vont s’adoucir et ça ne sera plus Charlie hebdo. Donc ils continuent comme ça en prenant les risques et on a vu jusqu’où ça a pu mener, ils ne faut pas qu’ils changent sinon ça sera incohérent.